la Colline inspirée

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dimanche 20 juillet 2014

L'ai-je bien descendu ?...


L'ai-je bien descendu ?



Décidément...
Nous attendons toujours - et attendrons, j'en ai peur, longtemps - une réponse des auteurs de diverses Alésia parues en 2012 et avant, concernant au moins quelques-unes des critiques formulées dans notre récente Alésia : la Supercherie dévoilée, contre l'hypothèse d'une localisation du siège de 52 av. J.-C. à Alise Sainte-Reine.

En revanche, ce livre - dont il n'est pas l'auteur mais qu'il a tenu à préfacer - a suscité contre Franck Ferrand, son éditeur, quelques pages outrecuidantes qui ne répondent toujours rien sur le contenu du livre mais s'emploient à fustiger un "historien peu scrupuleux" voire "mercantile", assez épris de "sensationnalisme" pour cautionner le "tissu d'âneries" proférées par "des universitaires et des ingénieurs égarés" sur la thèse officielle, évidemment tabou. Soutenue par des historiens "internationalement reconnus", étayée par des fouilles indiscutables, comment pourrait-elle être discutée ? L'accord de la communauté scientifique fait barrage à toutes les contestations. C'est l'argument d'autorité dans toute sa splendeur.

Les protestations, aussitôt jaillies mais censurées par l'auteur du blog uneeducationfrancaise.wordpress.com/ sous le titre  Archéologie de la pensée ferrandienne, apportent un contrepoint utile, voire indispensable, à ce qui n'est pas une critique sur un livre mais une charge personnelle contre son éditeur. Elles m'ont été transmises et je les reproduis à la suite de l'article qu'elles examinent. Ainsi, chacun pourra-t-il juger sur pièces. 

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L'article. Anonyme, mais décryptable : David Trotin (4.6.2014) :

Archéologie de la pensée ferrandienne ou pourquoi Alésia ne mérite pas Franck Ferrand

Avant d’arriver au coeur de cette article, évacuons d’abord un premier problème: il n’y a pas de polémique scientifique sur la localisation du site d’Alésa mais uniquement un moutonnement médiatique entre un journaliste peu scrupuleux, des universitaires et ingénieurs égarés d’un côté et, de l’autre, la totalité de la communauté des historiens et des archéologues. La théorie d’un Alésia jurassien n’est soutenu par aucun chercheur sérieux, par aucune publication scientifique, et les résultats des fouilles du site d’Alise ainsi que leurs interprétations ne soulèvent aucun doute sérieux (1) (2).
Reste que l’écho médiatique rencontré par les tribunes de F. Ferrand publiées à l’occasion de la sortie d’un ouvrage de Danielle Porte sur Alésia (3) ne peut manquer d’inquiéter tous ceux qui sont attachés à une approche un minimum sérieuse et rationelle de l’histoire. Examinons donc les pièces du dossier.

1/ Que dit Franck Ferrand (et pourquoi est-ce manifestement un tissu d’âneries)
 Le mythe d’un Alésia Jurassien (à Chaux-des-Crotenay) s’appuie essentiellement sur les découvertes d’un archéologue André Berthier qui, armé d’une méthode fantaisiste dont nous reparlerons plus loin, reçut l’autorisation d’entreprendre 4 campagnes de fouilles dans les années 60. Elles furent un échec puisque aucune d’entre elles ne fit l’objet de la moindre recension scientifique. La plupart des archéologues qui ont eu par la suite à se pencher sur les "découvertes" de Berthier et de ses continuateurs n’y ont vu que des demi-découvertes, rien en tout cas qui permettent de conclure à la présence d’un site de bataille important (4).
Mais peu importe pour Ferrand, Le choix d’Alise vient d’une manipulation puisque c’est "par la grâce d’un décret de Napoléon III" (5) qu’Alésia a été située en Bourgogne. Si le choix de célébrer Alésia a certes une portée idéologique évidente, sur laquelle il n’est pas utile de revenir ici, Napoléon III n’a fait que suivre une tradition historiographique relativement ancienne (dont les traces les plus anciennes remontent au 9ème siècle). Son choix s’appuie sur la réalité des découvertes archéologiques d’Augène Stoffel dans les années 1860. Découvertes qui, republiées dans les années 1950, furent reconnues comme sérieuse par l’ensemble de la communauté scientifique (6). Et, quand bien même il y aurait fait du prince, il faudrait avoir mauvais esprit pour croire que des historiens et des archéologues du début du 21ème siècle se soumettraient encore à un décret de Napoléon III…
Plus grave, l’article de Ferrand laisse entendre que les archéologues et les historiens qui situent Alésia à Alise le ferait pour ne pas mettre en péril l’opération du MuséParc Alésia. Outre l’injure scandaleuse faite à l’éthique de chercheurs et de scientifiques, injure ne reposant sur aucun soupçon sérieux, il est bon de rappeler à M. Ferrad que ce muséoparc fait suite aux découvertes archéologiques et ne les précède pas…

2/ Pourquoi une telle campagne? 
Il y a d’abord chez Franck Ferrand le goût d’une histoire conspirationniste, pleine de vérités cachés, qu’il s’agirait de dévoiler en enlevant cette histoire de la main des universitaires et des spécialistes, porteurs d’une vérité officielle douteuse parce que forcément manipulée (sans que l’intérêt de cette manipulation ne soit toujours très claire…). Un grand nombre des émissions des premières saison de L’ombre d’un doute faisait ainsi la part belle à des pseudo-enquêtes censées nous révéler des vérités cachées (7). On peut également rappeler son ouvrage L’histoire interdite publié en 2008, d’une faiblesse méthodologique insigne, attribuant par exemple à Corneille les pièces de Molière. C’est un choix mercantile: la position de l’outsider, du rebelle anticonformiste affrontant des mandarins assoupis et stipendiés, est évidemment la plus vendeuse, la démarche de Ferrand tenant plus du journalisme à scandale que de l’investigation scientifique.
Mais il y a aussi un biais méthodologique effarant: la révérence pour le texte. Comme pour Berthier, comme pour Danielle Porte (8) dont il préface l’ouvrage, Franck Ferrand ne s’intéresse pas aux réalités archéologiques…. Non, ce qui disqualifie Alise et permet de croire dans d’impropables fouilles, c’est que Alise ne correspond pas exactement à la description de César dans La guerre des Gaules…Berthier avait donc trouvé son site du Jura en comparant la description de César et …des cartes d’Etat major. Une telle légéreté, inconcevable en soi, ne tenant aucun compte des réalités archéologiques, est une aberration méthodologique. Mais peu importe à Franck Ferrand: sa méthode historique date de plus d’un siècle, le texte d’abord, le texte seulement, et peu importe le réel, cet éternel empêcheur de réver tout haut.

(1) Que l’on se réfère au recueil suivant,  M. Reddé, S. von Schnurbein dir., Alésia et la bataille du Teutoburg. Un parallèle critique des sources. Institut historique allemand, 2008
(2) La science progresse évidemment grâce au doute mais il est impossible de revenir sans cesse sur des vérités établies. Ce qui est vrai en science "dure" (on ne demande pas aux astrophysiciens de calculer l’orbite terrestre quotidiennement) doit également être vrai dans les sciences humaines et sociales.
(3) (deux fois plus de commentaires pour son article de Figarovox, la plupart totalement admiratifs, que pour la réponse publiée par le même site signée par trois historiens dont le sérieux est internationalement reconnu)
L’article de F. Ferrand
La réponse des trois historiens spécialistes d’Alésia
Le livre à l’origine des articles se nomme
Alésia, la supercherie dévoilée, Danielle Porte, éd.Pygmalion, 2014
(4) Pour n’en citer qu’une Marie-Pierre Rothé, Carte archéologique de la Gaule 39 : le Jura, CNRS, Paris, 2001
(5) article de Franck Ferrand dans Figarovox, lien ci-dessus (3)
(6) J. Harmand, « Les travaux de la Commission de la topographie des Gaules autour d’Alésia et l’album inédit conservé au Musée des Antiquités nationales », CRAI, 1960
(7) La liste des épisodes de la première saison, dont au moins le tiers des épisodes ont des titres promettant des révélations ou des secrets :
http://fr.wikipedia.org/wiki/L’Ombre_d’un_doute_(%C3%A9mission_de_t%C3%A9l%C3%A9vision)#2011-2012
(8) dont il nous paraît utile de rappeler qu’elle n’a aucune qualification  d’archéologue mais qu’elle est maître de conférence en civilisation romaine.

Publié dans Uncategorized | Tagué Ferrand, Histoire | 4 Réponses

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Par ordre chronologique
ma réponse :

Après une première lecture, on s’interroge : l’auteur d’un article comportant 16 fautes d’accord et d’orthographe est-il bien un enseignant ?
Si oui, pauvre Éducation Nationale !
Après une seconde lecture, on reste perplexe : un enseignant qui dénonce la pratique des textes pour privilégier les révélations de l’archéologie, dans la recherche d’un lieu historique, mérite-t-il vraiment d’enseigner l’histoire ?
Car enfin, avant qu’il y ait eu fouilles, comment établir une localisation  autrement qu’armé d’un texte et de cartes, ce qui fut la méthode employée par André Berthier ? L’archéologie d’Alise ne convenant pas aux textes ni, surtout, au simple bon sens, il fallait bien repartir de zéro pour isoler des cartes, en se fondant sur les textes, un lieu idoine, avant d’en vérifier ensuite la vraisemblance sur le terrain. Sans le texte de César, quelles raisons de localiser Alésia à Alise plutôt qu’à Alaise, à Alès ou Dieu sait en quel endroit dont le nom se rapprocherait vaguement du sien ?
L’accord de la communauté scientifique ne prouve absolument rien, fondé qu’il est bien souvent sur des intérêts de caste, de carrière ou d’esprit moutonnier. Exemple-type : Galilée, la terre et le soleil… 
La plus belle palinodie est celle de Michel Reddé lui-même qui, aujourd’hui, qualifie de « dépôt votif » l’invraisemblable récolte d’artefacts du Réa, maintenant que ce camp est abandonné comme camp nord par cette même communauté scientifique qui en faisait la preuve par 9 de l’identité Alise = Alésia ! On continue d’encenser les objets exhumés par l’archéologie napoléonienne, mais on abandonne le camp dont on les a extraits : il faut donc admettre que ces armes et ces monnaies sortent d’un fossé entourant un camp fantôme… et recourir à n’importe quelle théorie farfelue pour sauver leur authenticité, déjà sujette à caution sous Napoléon III… 
Et du même coup, comme il faut bien qu’existe un camp nord, on déplace celui du Réa sur la montagne de Bussy, au nord-est, cette fois, ce qui oblige à faire cohabiter Labiénus + Réginus + Rébilus et leurs hommes (minimum : 18 000 légionnaires) sur 7,5 hectares… quand il en faut 45 (Polybe) pour loger 2 légions (à l’époque de Polybe, 9000 hommes). Si l’archéologie y parvient, les mathématiques élémentaires s’y refusent.
Quant au simple bon sens, il a fui à tire d’ailes ! Prétendre que sont déterminantes, pour situer Alésia, les fouilles d’Alise a de quoi effarer : des fossés profonds de 10 cm ou de 30 cm qualifiés de fossés « militaires », des camps occupant 35 ares ou 7,9 hectares (le plus grand) de camps « romains », admettre un grand fossé à 750 m, voire 1000 m, des fortifications alors qu'il doit en être à 120 m... la terre tourne-t-elle encore rond ?
Sérieuse, la communauté scientifique, quand elle cautionne des traductions telles que in longitudinem par « de large », comme l’ose Yann Le Bohec, pour justifier que la plaine des Laumes soit en largeur au lieu d’être en longueur ? Honnête, quand elle admet, avec Alain Deyber, que le combat final se déroule dans la plaine, en ignorant superbement Vercassivellaun et le contournement de la montagne nord, soit les § 83 à 87 du de Bello Gallico, et qu’elle oblige les Gaulois à « escalader » (ex ascensu temptant) pour atteindre un endroit situé au pied de la montagne ?… Quand elle traduit, avec M. Reddé a septentrionibus par "vers le nord" parce que le mont Réa n'est pas au nord ?  
« Communauté » ? Oui. « Scientifique » ? Sûrement pas. Honnête ? Encore moins. 
Le plus drôle – car, en fin de compte, mieux vaut en rire – est que David Trotin n’a sûrement pas ouvert le livre dont je suis en grande partie l’auteur, entièrement pris par sa hargne jalouse contre Franck Ferrand. Lequel a la largeur d’esprit nécessaire pour accueillir dans sa collection les théories que les éditeurs frileux négligent, et suffisamment de culture et d’intelligence pour ne pas cautionner des écrits sans fondements solides.
David Trotin s’attaque à la méthode d’André Berthier dont il n’est pas question un instant dans la Supercherie dévoilée, j’y ai veillé soigneusement. Et donc, qualifie d’ « âneries » un texte dont il ignore le premier mot : j’attends toujours, nous attendons toujours, la première réponse aux critiques que nous avons formulées contre Alise. Je n’ai « aucune qualification d’archéologue » ?  Merci aux dieux, si l’archéologie est celle que prône l’auteur de « cette » article. J’ai simplement mis les Alisiens en face de leurs contradictions et de leurs affirmations aventureuses ou délibérément faussées, à partir des textes de M. Reddé, J. Le Gall, J.-L. Brunaux, Y. Le Bohec, J.-L. Voisin et quelques autres, cités au mot près. Qu’on y aille voir : il ne manque pas une référence. Car les latinistes sérieux savent travailler sérieusement. Et s’ils critiquent un livre, ont pris la peine de le lire. Ce qui n’est pas le cas des latinistes-historiens susnommés, capables seulement de répondre à côté de la question, mais jamais aux questions posées, puisqu’ils ne savent même pas quelles elles sont…
David Trotin a voulu jouer les esprits forts… il est surtout un esprit faux ! "

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Réponse d'Olivier Magnan, éditeur de mon Imposture Alésia, 2004, bien antérieure à la construction du Muséoparc
C'est drôle. Cet obscur Trotin qui ne signe pas "cette article" (sic) bourré de fautes d'orthographe basiques aligne une série de ces affirmations apparemment tranquilles qui "sonnent" sérieux. La hautaine arrogance du savant autoproclamé. Ou du véritable ignorant.
Car si l'on relit – une épreuve, mais la science ne doit pas compter ses efforts – les phrases creuses de Trotin, l'on s'aperçoit que ses arguments se réduisent à ceci : "La totalité de la communauté des historiens et des archéologues"... est contre un "Alésia jurassien" (car comme chacun sait, les noms de ville sont masculins). Un peu comme l'on est contre le mariage homosexuel. Ou la droite. Ou la gauche. La communauté scientifique vote : elle est contre. La totalité d'une communauté ? Ça fait du monde, sans doute. L'archéologie, c'est comme la démocratie : c'est la majorité qui a raison. C'est le vote qui établit la vérité. Contre des gens "peu scrupuleux" et des "égarés", ça suffit à justifier une thèse contre une autre.
C'est marrant le nombre de communautés tout entières qui ont eu raison dans le vaste monde. Par exemple, la communauté des chirurgiens du XIXe siècle qui tuaient les femmes en couches parce qu'il était bien connu qu'il était inutile de se laver les mains pour les délivrer : elle avait raison en son temps, pourtant, contre ce Semmelweis qui se lavait les mains.
Ah, mais pardon, nous sommes au XXIe siècle. Au XXIe siècle, l'histoire et l'archéologie ont accompli de tels progrès qu'il est désormais impensable qu'une communauté de scientifiques se trompe. Au XXe, siècle obscurantiste, oui, on se trompait encore. Comme sur l'atome (tout faux, la communauté, alors). La relativité (pas d'accord, la communauté, alors). L’épigenèse (une aberration pour la communauté, alors). Mais c'est fini. Au XXIe siècle, la communauté scientifique ne commet plus ce genre d'erreur puisqu'elle est à la pointe de la recherche scientifique. Ça tombe sous le sens.
Alors quand un Trotin écrit qu'il va "examiner toutes les pièces du dossier", les imposteurs, les égarés et les peu scrupuleux tremblent.
Première pièce du dossier : "Un archéologue, André Berthier, armé d'une méthode fantaisiste..." aboutit à un échec. Cet archéologue (tiens, toute la communauté des archéologues n'est donc pas entièrement d'accord avec Napoléon III ?), officier de la Légion d'honneur, médaille militaire, commandeur de l'ordre national du Mérite, commandeur de l'ordre des Arts et Lettres, directeur de la circonscription archéologique de Constantine – décidément, on confie des postes aussi importants à des gens bien "peu scrupuleux" – avait au préalable, à l'aide d'une méthode fantaisiste sans doute, contesté la localisation officielle de Cirta, site de la guerre de Jugurtha. A l'époque, la "communauté" conteste. Et voilà qu'une thèse de doctorat, saluée en 2008 par la "communauté", lui donne raison. Un jury d'égarés, sans doute.
Mais s'il a raison pour Cirta, ça ne veut pas dire qu'il ait raison pour la localisation d'Alésia dans le Jura. Pensez donc ! Cet archéologue aux méthodes fantaisistes recherche le site qui corresponde dans tous les détails à la description de César. C'est quand même aberrant ! Un archéologue ne fait pas ça. Un archéologue trouve par hasard puis reconstitue. Tout le monde sait ça. Berthier qui trouve Alésia après avoir lu – et cru – César ? Fantaisie. Schliemann qui trouve Troie après avoir lu – et cru – Homère ? Heu, génie.
Autre pièce du dossier redoutable : "Des historiens et des archéologues du début du XXIe siècle se soumettraient encore à un décret de Napoléon III ?" Impensable, absurde. C'est comme si la communauté des médecins s'était soumise au décret de l'Agence française de sécurité sanitaire à propos du Mediator, pendant des années. Tout le monde sait que les médecins ne se soumettent jamais à leur autorité de tutelle.
De même, tous les universitaires passent leur temps à critiquer et à remettre en cause les thèses enseignées par l'Université depuis des siècles. Tous les instituteurs contestent les méthodes pédagogiques qui ne fonctionnent pas. Aucun archéologue patenté n'emboîte le pas de la thèse officielle sans vérifier par lui-même, sur le terrain, la thèse napoléonienne, elle-même nourrie à la "tradition historiographique" dès le IXe siècle. Puisqu'une thèse est ancienne, c'est qu'elle est vraie. Si elle ne l'était pas, les archéologues ne se soumettraient pas, ça ne se peut pas, ça ne se peut pas, ça ne se peut pas. Moi-même, Trotin, je suis allé sur place, dans le Jura, sur le mont Auxois. J'ai vérifié, mesuré, comparé. Et même si je ne l'ai pas fait, comme Porte ou Ferrand, je sais que j'aurais trouvé sur place la confirmation du décret de Napoléon III. Car comme le disait Coluche, ou à peu près, "on n'est pas c... chez les archéologues".
Le texte de César ne "colle" vraiment pas à la topologie du mont Auxois ? César s'est trompé. César s'est vanté. Car puisque, sur place, je trouve des vestiges qui ne correspondent pas du tout aux données du texte, ce n'est pas la preuve que mes découvertes archéologiques prouvent qu'Alésia était ailleurs, c'est la preuve que celui qui était sur place, César, n'avait pas le compas dans l’œil ! Certes, mes vestiges ne me racontent pas la bataille d'Alésia comme le général romain, qui était sur place, la décrit. Mais comme mes vestiges sont bien ceux d'Alésia, alors c'est que le général s'est trompé. CQFD. Les témoignages humains sont si fragiles, ma bonne dame ! Alors qu'un pieu, ça ne ment pas. Comme la terre. Si je trouve des espacements de pieux qui n'ont rien à voir avec la description de César, je n'en conclus pas que je trouve les vestiges d'une autre bataille qui n'a rien à voir avec Alésia. Non. Si je trouve des camps qui n'ont rien à voir avec les explications de César, je n'en conclus pas que ce sont les camps d'une autre bataille. Puisqu'Alésia était là et que tout le monde le sait ! Et cette Porte qui s'appuie sur le texte sous prétexte qu'elle est latiniste ! De quoi je me mêle ? Et ce Ferrand qui soutient que le mont Auxois ne dispose pas de la superficie voulue pour accueillir l'armée de Vercingétorix, ses bagages, ses troupeaux et la population autochtone... C'est que l'on s'est trompé sur les estimations. Alésia était là. Il faut donc bien ajuster les chiffres à cette certitude établie par "les découvertes archéologiques" d'Eugène Stoffel en 1860.
Stoffel ? Capitaine d'artillerie dévoué à Napoléon III. Archéologue ? Non, pourquoi ? Historien ? Pas davantage. Mais la communauté scientifique reconnaît en lui l'un des siens. Ce n'est pas comme ce Ferrand, Sciences po, École des hautes études en sciences sociales – DEA d'histoire. Mais qui a "fini" journaliste. Ni cette Porte, disciple de l'archéologue Berthier, et donc pas du tout archéologue. Alors que Stoffel, parce qu'il était disciple de Napoléon III, fut donc bien archéologue... Logique, non ?
Ainsi trottinons-nous sur la piste des fautes d'orthographe de cet expert amoureux d'une approche "sérieuse et rationelle" de l'histoire, qui établit que "rien ne permettent de conclure", que les "historiens le ferait pour ne pas mettre en péril l'opération du MuséParc (sic)", que Ferrand ne tient pas compte du réel, cet empêcheur de "réver" tout haut. L'orthographe ? Un décret du temps passé auquel on ne va pas se soumettre, sans doute. On n'est pas c..., nous les archéologues.

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Réponse de Pierre Gibout

Ce qui pourrait être hilarant c’est que l’ouvrage déclenchant l’ire de l’auteur de cet article ne parle pas de Chaux des Crotenay ni d’autres sites alternatifs, mais SEULEMENT D’ALISE STE REINE. De plus l’ouvrage n’est pas de Danielle Porte, c’est un ouvrage collectif. Non seulement il n’a pas lu le livre, mais il n’a même pas pris la peine de parcourir la première de couverture jusqu’en bas… Bel esprit scientifique! La haine filtre à chaque ligne de cet article complètement hors sujet ! Publié en plus sur un blog intitulé "Éducation francaise". C’est triste.
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Réponse de Noël Villechauvin
Vous dites, en préambule, qu'il n'y a pas de polémique sur la localisation du site d'Alésia ; justement si. Évacuer la polémique revient à évacuer le problème et il est alors inutile d'en discuter. Botter en touche vous arrangerait bien, mais alors, pourquoi discutez-vous ?
Au lieu de marteler bêtement des affirmations que vous avez lues et entendues chez les tenants de la "vérité" officielle, vous feriez mieux de comparer les arguments fournis par les uns et les autres.
Le choix d'Alise a été fait, à l'époque, car il ne concernait que deux sites, Alise et Alaise et que le deuxième ne tenait pas la route. Napoléon Ier lui-même aurait dit que Vercingétorix était un piètre général (« un con », en aparté) pour avoir voulu tendre une embuscade dans un lieu aussi peu propice.

Je passe sur les objets anciens retirés de tous les musées de la région et enterrés aux pieds de l'Empereur, histoire de lui faire le plaisir d'assister aux trouvailles, pour en revenir aux découvertes archéologiques.
Personne n'a jamais contesté l'existence d'une cité gallo-romaine à Alise-Saint-Reine, ce qui est contesté c'est la date des vestiges découverts. Évidemment, la solution de facilité consiste à déduire les conclusions de ces campagnes de fouilles d'une sorte de syllogisme : si la bataille d'Alésia a eu lieu en -52 et que Alise est bien Alésia, alors les objets trouvés datent de -52 ce qui prouve qu'Alésia est bien à Alise (ouf !).
La communauté internationale historienne, et surtout pas scientifique, admet la confusion Alise égale Alésia dites-vous, mais comment pourrait-il en être autrement lorsque des archéologues allemands sont invités à venir faire des fouilles à Alésia située en Bourgogne dont les coordonnées GPS sont fournies avec la feuille de route. N'importe quel invité un tant soit peu poli n'osera pas contredire son hôte mais reste à savoir ce qu'il en pense vraiment et s'il a eu connaissance des autres hypothèses.

Abordons maintenant les textes.
Nous avons la chance d'avoir un récit de la bouche même du principal intéressé Caïus Julius Cæsar proconsul et général romain.
Ou bien il est un gentil amateur de la guerre et de la topographie, ou bien il est professionnel. Je penche pour la deuxième proposition si j'en crois ses victoires dans la conquête des Gaules et d'autres pays. Ses comptes rendus d'opérations sont donc écrits avec toute la précision et la concision attendues de la part d'un militaire.
Toute tentative de tordre les traductions et le vocabulaire pour faire coller le texte aux réalités du terrain est donc assimilable à une tromperie historique.
Le professeur André Berthier ne s'y était pas trompé qui, devant les failles et les incohérences du choix d'Alise, a repris les choses à la base sur un texte d'époque, rédigé par l'auteur même des faits. C'est autre chose que l'homonymie approximative citée par un moine huit cents ans plus tard.
La méthode du portrait robot n'est pas de lui puisque utilisée par la police scientifique depuis plusieurs décennies, mais son application à une description géographique précise donne d'aussi bons résultats qu'une description d'individu par un témoin pas toujours fiable.

Les cartes d'État-major une « légèreté » inconcevable en soi ?
Mais où va-t-on là ? C'est vous qui êtes d'une ignorance crasse. Si vous aviez fait un tant soit peu attention à vos cours de géographie du primaire ou à vos exercices du service militaire (peut-être trop jeune pour le faire) vous sauriez qu'une représentation d'un pays ou d'un terrain se fait en plan par une carte ou en relief par une maquette. Les deux fonctionnent très bien. Où se trouve l'aberration ? Dans votre tête, j'imagine.
Après la comparaison sur le papier il faut aussi aller voir sur le terrain ; c'est ce que j'ai fait.
Et la vue des deux sites me permet d'affirmer qu'Alésia n'est pas à Alise-Sainte-Reine. Vouloir tendre une embuscade à l'armée romaine en une grande plaine simplement dominée par une taupinière relève de l'inconscience et alors Napoléon Ier a raison : Vercingétorix est un benêt. Mais tendre une nasse à Siam/Chaux tombe sous le sens stratégique de n'importe quel apprenti combattant y compris les gamins qui jouent aux cow-boys et aux Indiens.
Dans le dernier livre préfacé par Frank Ferrand, monsieur Bernard Gay a très bien comparé l'ampleur des travaux de génie dans les deux sites et expliqué l'impossibilité sanitaire de faire cohabiter hommes et bêtes sur le mont Auxois. Amusant de démontrer quelque chose avec des histoires de merdes, mais il fallait y penser et ça emporte la décision. Les Parisiens de la Renaissance avaient l'habitude de marcher dans le fumier mais je ne crois pas que les Gaulois et les Romains aient été dans la même disposition d'esprit, eux qui ont inventé les bains publics.
On pourrait poser beaucoup d'autres questions : pourquoi les mandarins de l'histoire officielle n'ont aucun sens de l'auto-critique, pourquoi un photographe aérien pique sa crise chaque fois qu'on émet des doutes quant à son gagne-pain et sa gagne-notoriété,  pourquoi les Ministres et historiens ne répondent pas aux demandes de fouilles et aux objections soulevées, etc.
C'est à se demander quel est leur intérêt quand on voit que la même situation bloquée concerne aussi le siège d'Uxellodunum.
Voilà, Monsieur, ce que j'avais à vous dire. Je ne puis que vous conseiller d'aller voir sur le terrain, de comparer les textes et de répondre aux questions posées dans le livre que vous n'avez probablement pas lu en entier.

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Réponse de Jacques Blondeau

L'auteur, professeur d'histoire-géo je présume, ne maîtrise pas l'orthographe : l'article est truffé de fautes. Fâcheux pour un membre de l'Education Nationale. Certaines expressions discourtoises, péremptoires et non argumentées ("tissu d'âneries" par exemple), n'ont pas leur place dans un débat intellectuellement honnête entre personnes bien élevées ! L'auteur a-t-il lu Alésia : la supercherie dévoilée ? A aucun moment ses auteurs n'exposent la thèse d'André Berthier ! Ils ne font que poser des questions, gênantes, faut-il croire, aux tenants de l'Alésia officielle, puisque, jusqu'à présent, ils n'ont pu répondre à aucune ! Monsieur Trotin non plus.
Répondez, Monsieur Trotin, les Français veulent savoir !

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Réponse de Yannick Jaouen, co-auteur de la Supercherie dévoilée

- Vous dites: "Mon niveau personnel de formation en archéologie ne me rend absolument pas capable d’entreprendre une critique des rapports de fouille." ? Mais les rapports de fouilles sont écrits en français. Il est vrai qu’il est sans doute plus aisé de critiquer un ouvrage sur la seule base de son titre, du nom d’un de ses auteurs et de celui de la préface : « cette » article ne serait-il pas un reflet de l’archéologie de votre propre pensée, plutôt que de celle de Franck Ferrand ?
Car, pour parler d’absence d’arguments archéologiques, vous n’avez pas dû lire les écrits d’André Berthier, ancien directeur de la circonscription archéologique de Constantine et découvreur du site de Tiddis : il n’a eu de cesse de militer pour des fouilles de grande ampleur autour de Chaux des Crotenay, avec autrement plus de moyens que ceux qu’on lui accorda à la fin des années 60 " (4 campagnes de quelques semaines chacune sans moyens matériels, ni humains, ni financiers… pardon : 3 fois 2000 francs français… soit, moins de 1000€, en tout) afin de vérifier par l’archéologie la validité de son hypothèse : pour lui, comme pour nous, l’archéologie est essentielle.
On nous oppose le dossier archéologique d’Alise ? Eh ! bien, soit : dans l’ouvrage collectif dirigé par Danielle Porte et préfacé par Franck Ferrand, Alésia, la supercherie dévoilée, ce sont bien les arguments archéologiques du dossier alisien qui sont passés au crible et comparés aux découvertes archéologiques effectuées depuis sur d’autres sites (dont certaines par des auteurs du rapport alisien). Et l’on y constate que l’avancée des connaissances sur la période devrait logiquement amener à revoir les conclusions de ce dossier, dont certaines, présentées parfois comme des preuves, ne sont de fait appuyées sur rien si ce n’est le postulat de départ qu’Alise est Alésia : ça s’appelle un biais méthodique, en vraie science !
On peut critiquer le sensationnel du titre, il n’en reste pas moins le fond et les questions qui y sont soulevées. Le fond d’un livre que vous n’avez pas lu non plus, apparemment, mais que vous critiquez quand même, en vous en tenant au titre. Vous avez simplement fait comme Jean-Louis Brunaux, Yann Le Bohec et Jean-Louis Voisin, lesquels m’ont bien fait rire lorsqu’ils ont co-signé, dans cette tribune : " Pourquoi, vouloir à tout prix parler de manipulation, d’incompétence, de falsification plutôt que d’examiner, ce qu’ils (les adversaires d’Alise) ne font jamais, les résultats des fouilles ? ". Et de citer la liste des arguments archéologiques en faveur d’Alise… tous repris un par un dans l’ouvrage collectif préfacé par Franck Ferrand !!! Dommage… " Examiner (…) les résultats des fouilles ", c’est justement ce que les co-auteurs ont fait, autour de Danielle Porte ! Et vous qui leur reprochez de critiquer le rapport de fouilles plutôt que de faire confiance aux chercheurs…mais voyez, ce sont les chercheurs eux-mêmes qui insistent pour qu’on examine ce rapport ! Ils avaient eu satisfaction avant même de demander… et s’ils avaient lu, ils l’auraient su.
Chaque opinion est respectable: mais si le sujet vous intéresse, allez au bout des choses, lisez, comme nous le faisons, les écrits des uns et des autres et forgez-vous la vôtre sur d’autre bases que les seuls arguments d’autorité ou votre rejet du sensationnalisme. Il y a bien plus à découvrir en creusant qu’en s’en tenant à la surface des choses… et n’est-ce pas le fondement même de l’archéologie ? "

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Réponse de René Marchand, co-auteur de la Supercherie dévoilée

Quand on se pique de culture, et un prof d’Histoire-Géo se doit d’un minimum de connaissances, il faut avoir voyagé, visité des sites reconnus, étudié le pourquoi du comment, et vérifié in situ le sérieux, ou plus exactement la réalité, de ses conclusions. C’est la base même de l’« honnêteté intellectuelle ».  C’est ce qui forge les convictions, le sérieux, et presque toujours la reconnaissance, à défaut de renommée.
Mais peut-on demander à un âne le pourquoi de la distorsion phonique de ses braiments ? A l’évidence non ! Et cela se comprend : l’âne braie parce que sa nature lui commande de braire en certains cas : faim, peur, colère, ou lorsqu’il reconnaît son ou ses maîtres. Sorti de ces cas reconnus par tous les biologistes ou autre vétérinaires, on n’a jamais vu un âne braire pour manifester son contentement lors d’un concert de Madona. Cela se saurait, à en croire notre distingué prof d’Histoire-Géo. Je ne saurais lui donner tort. Je n’ai jamais vu un âne braire parce qu’il a, ou aurait, apprécié un concert de Madona. Et ce, pour deux raisons qu’un zeste d’« honnêteté intellectuelle » me demande de citer :
Je n’ai jamais vu d’ânes à un concert de Madona
Je ne parle pas l’âne. Et puisque je ne le comprends pas ( malgré une évidente bonne volonté), je n’ai donc aucune autorité pour parler au nom de l’âne.
C’est pourtant ce que fait le quidam ! Les autorités supérieures, et à son niveau de réflexion et d’écriture - que dire alors de l’orthographe-, il est aisé d’être qualifié supérieur, ont décrété que… Et le monde subalterne n’a qu’un mot à dire : Amen..
Mais quand on dit Amen, c’est pour reconnaître, de vive voix et sans contrainte, qu’on obéit à un ordre supérieur : celui de l’autorité, qu’elle soit déique ou universitaire. C’est abandonner sa propre personnalité pour se plier devant des intérêts autres que ceux de sa propre existence. C’est donc accepter un statut d’ilote.
On connaît tous le rôle assigné aux ilotes : travailler pour, défendre les intérêts de… autrement dit, abonder aux désirs du maître… en espérant une vague récompense
Quel intérêt dans ce cas de tenter d’améliorer son sort, ou de sortir du conformisme ? Aucun, puisque la sujétion est acceptée. Mieux même, ambitionnée.
Et c’est là que l’exemple "âne" prend toute sa valeur : on ne choisit pas, on obéit. Et le nécessaire apparaît alors : caresse ou carotte dans ce cas. Ou bâton en cas de reculade ou de rebuffade.  Quand on manque de caractère, de jugement ou simplement de personnalité, la première est évidente. Et on voit ainsi un âne se piquer de jugement, alors que sa caractéristique essentielle est d’en manquer. Ou d’emprunter alors celle de son ou ses mentors, une culture par procuration.
C’est le choix de notre quidam. Je lui en laisse toute la responsabilité. Il est certain qu’encenser les procurateurs ne pourra que lui apporter satisfaction sur un plan personnel ou matériel.
Mais hélas pas intellectuel.
C’est du moins mon avis… même si je dois reconnaître une fois encore que je ne parle pas l’âne, et donc que je ne le comprends pas… Je le regrette, mais que voulez-vous, on ne sort pas non plus des mêmes universités…

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D’autres réponses sont annoncées, qui trouveront leur place dans nos prochains entretiens.

© Danielle Porte










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