la Colline inspirée

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lundi 3 juillet 2017

Être ou ne pas être... du sérail



réponse aux archéologues n° 2 :   Être ou ne pas être… du sérail


Marginaux que nous sommes, il nous faut définir d’abord cet «accord de la Communauté Scientifique» qui revient en leitmotiv dans tous les écrits alisiens depuis que Chaux-des-Crotenay s’est révélée une rivale sérieuse pour Alise-sainte-Reine. Alphonse Allais aurait dit : «avec la constance du rasoir». Variante : «Alise est une vérité incontestable», ou : «plus personne ne conteste Alise». Eh ! si… comme le canard, nous sommes toujours vivants, et comme le Veau d’Or, nous sommes toujours debout. Faust-il donner la référence ? Restons sérieux.

Déjà dans le Manifeste et la pétition qui l’accompagnait, nous l’avons vu, un appel aux pouvoirs publics leur intimait de ne pas gaspiller de fonds pour un levé Lidar sur Chaux… Un coup d’épée dans l’eau, puisque cette opération allait être effectuée, et le fut, sur fonds privés. Alésia ? On s’en moque. Mais surtout : pas touche à nos picaillons ! Sur pièces : 
«Ne rien dire, c'est manquer à notre devoir, en tant qu’expert fonctionnaire d’État, de transmettre et d'alerter les pouvoirs publics sur des dépenses inconsidérées [1] dans le domaine des activités archéologiques, à l'heure où tous les pays européens font face à la crise et où des choix drastiques doivent être opérés.»
«Que la localisation proprement dite d’Alésia suscite encore débat dans certains milieux obscurantistes, par inculture, nous importe finalement peu, en revanche la remise en cause publique, permanente et sans fondement, du travail scientifique mené en archéologie et en histoire doit tous nous faire réagir !» (texte de la Pétition)

Nous avons vu les picaillons. Voyons le débat scientifique.

Quelle conviction, quelle foi dans les «preuves» qui sous-tendent leur identification ! Alésia «(leur) importe peu», puisque tout le monde est d’accord, fût-ce sur une erreur. Un aveu de trop.

Deux ensembles de «preuves» déclarées irréfutables : les objets, les fortifications.

La provenance douteuse des artefacts fut pourtant dénoncée dès les premières fouilles, autant que les aberrations du dispositif militaire. Les trouvailles archéologiques sont respectables en soi, mais ne prouvent absolument rien, bien au contraire, sur la localisation du siège. En particulier sont litigieux la taille et la forme des camps, l’écart entre les tours, la distance du grand fossé par rapport aux fortifications, la ridicule profondeur (30 cm) de fossés qu’on ose appeler «militaires» : si nous les dénonçons obstinément, la Science officielle se garde bien de souligner toutes ces aberrations, ou les excuse par le «bon goût» romain ennemi des précisions techniques, l’indiscipline des chefs de travaux qui ont prêté une oreille distraite aux ordres de l’État-Major ou la flemmardise des exécutants qui n’en ont fait qu’à leur tête et surtout ont fourni le minimum requis, c’est-à-dire l’envers des retranchements, exécuté à la va-vite car l’ennemi ne verrait que l’avant. Ou aussi les trous de mémoire césariens qui alternent avec le souci qu’avait le généralissime de préserver sa gloire. En désespoir de cause, on invoque la géométrie variable, d’un jour à l’autre, du camp romain «système dynamique en continuelle transformation», selon le Manifeste, ce qui contredit tout ce qu’on sait de l’immuable schéma d’un camp romain. Bref, on dirait aujourd’hui : «tout et n’importe quoi». J’ai longuement étudié déjà tant les accusations que les réponses et borne là le florilège.

Pas une fois n’a-t-il été admis franchement que les discordances entre le texte du B.G. et les résultats du terrain pouvaient s’expliquer par la pluralité de sièges que subit Alise, prouvée par les couches de cendres et les monnaies qu’elles renfermaient. Ceux qui ont relevé ces anomalies n’en ont tiré, avant André Berthier, aucune conclusion raisonnable. Il paraît même qu’on n’a constaté aucune destruction systématique. Claude Grapin [2] : «Les niveaux d’habitat et d’ateliers étudiés aux abords sud de la place de l’agglomération ne portent aucun stigmate de ce genre d’événement», tandis que les débris du secteur d’En-Curiot «sont associés à la chute et à l’épandage de blocs qui proviennent du rempart voisin». Les trois couches de cendres étaient dues sans doute à trois feux de cheminées.   

Jacques Berger, Président décédé d’une association pro-Jura en ce qui concerne Alésia, fidèle d’André Berthier, envoya jadis son livre, Alésia, Chaux-des-Crotenay : pourquoi ? à Michel Reddé. Il en reçut en guise de remerciement, une réponse dédaigneuse : «pour ma part,  je me garde soigneusement de jouer à l’ingénieur des Mines», ce qui était la profession de son correspondant, lequel n’avait pourtant pas outré ses aptitudes officielles en arpentant durant des années le site de Chaux pour en relever les vestiges perdus dans forêts et buissons, jusqu’à en localiser les fameux 23 castella.

Le travail était aussi sérieux que son auteur. Michel Reddé qualifia pourtant d’«aimable plaisanterie» ses pages 125 et 126 qui mentionnaient les quatre incendies qu’avait subis Alise au Bas-Empire et ensuite, ce qui expliquait les disparates que présentaient les vestiges avec le texte de César et ceux qu’ils présentaient d’un endroit à l’autre des retranchements :

Lettre du 24 octobre 2004 : «Votre reconstitution historique des pages 125 et 126 (sans sources explicites et pour cause…) est une aimable plaisanterie dont un homme qui a reçu, comme vous, une formation universitaire et scientifique, devrait se garder.»

Lesdites pages reproduisaient pourtant exactement les pages 198 à 201 du livre de Joël Le Gall, 1963, lequel rapportait les conclusions de Jules Quicherat, qui reproduisaient elles-mêmes le rapport d’Émile Espérandieu de 1906, p. 296-298. En apportait la preuve l’appellation «Cave aux Trois Époques» donnée à l’un des bâtiments exhumés, due au fait «qu’on y a reconnu sans aucun doute possible trois périodes distinctes dans la construction de ses murs», dit le Guide du visiteur à Alésia (2è éd. s.d., p. 31) ; cependant qu’on supposait des dates probables aux incendies (21 ap. J.-C. ? 196-197 ? 250 ? 392 ? ) grâce aux monnaies impériales et tardives découvertes dans les cendres et dont les livres acharnés à prouver qu’il n’y eut qu’un siège d’Alésia, celui mené par César, ne font jamais état. Le corpus publié s’arrête à 54 av. J.-C. Pas une monnaie depuis, même pas une de César.

L’«aimable plaisanterie» n’était donc nullement imputable à Jacques Berger mais aux historiens-mêmes d’Alise, et pas des moindres… que le grand patron de l’Archéologie française pourrait et devrait avoir lus. Déjà anciens (1963) les livres de Joël Le Gall, maître à penser des Alisiens ? Sans doute, le temps n’épargne personne. Mais les «jeunes» archéologues ne pourront jamais faire qu’il n’ait pas existé trois couches de cendres à Alise, contenant des monnaies d’Auguste jusqu’à Valentinien II, au risque de pratiquer une archéologie sélective, et donc de se renier eux-mêmes. Selon l’expression usuelle : «c’est un choix à faire».

***
La question des objets, déterminante, aux yeux de l’Autorité, pour la recherche d’Alésia, devint très vite pour les historiens et les archéologues un boulet à traîner, qui empêchait d’emblée d’exprimer la moindre réserve sur l’identification officielle.

Dès le départ, on ne put soupçonner qu’à mi-voix les trouvailles d’artefacts susceptibles de contenter les aspirations de l’impérial historien. Toujours Joël Le Gall : «C’est moins le souvenir du siège qui avait attiré d’abord l’attention de Napoléon III sur Alise-Sainte-Reine que la richesse du Mont-Auxois en objets antiques». Le musée récemment ouvert à Mayence lui donna des idées. «Il songeait à créer un musée analogue au Louvre ; pour cela il lui fallait des objets : Alise parut susceptible de les fournir [3]». Razzia impériale sur les objets de la région, Alise ou ailleurs : «Le départ des objets suscita en Côte d’Or une émotion qu’il fallut apaiser et, en même temps, il y en eut tant qu’ils commencèrent à devenir encombrants», d’où la création du musée d’Alise et de celui du château de Saint-Germain-en-Laye.

On fit bonne mesure avec des faux de provenance : le célèbre statère de Pionsat, les armes neuves, et peut-être le canthare d’argent, si superbe que l’Empereur se l’appropria sans vergogne. On s’interrogea  – heureusement ! – sur sa présence incongrue sur un champ de bataille, et l’on crut qu’il s’agissait de la coupe-même de César, ce qui n’expliquait d’ailleurs rien. On alla jusqu’à imaginer qu’un officier supérieur romain avait dû partir au combat en emportant (mais où l’aurait-il cachée ?) la pièce d’orfèvrerie dont il n’entendait pas se séparer [4]. Même absurdité pour ce qui est de la justification des monnaies, cachées par les Gaulois dans le creux (umbo) de leurs boucliers, ou enfouies par les Romains dans les fossés hors du camp la veille de la bataille [5]… Cette hypothèse plutôt comique est proposée dans les Dossiers de l’Archéologie, 305, 2005, 78-79 par Laurent Popovich : «Après la bataille, tous les dépôts ont été récupérés par les vainqueurs, sauf bien sûr ceux dont les propriétaires sont tombés au combat, comme sans doute celui qui a été découvert au pied du Réa.» Les survivants qui récupérèrent leur dépôt n’auraient donc pas touché à ceux des morts… Sublime abnégation !   

Plutôt encombrant, le canthare. D’autant qu’on ne peut déterminer ni sa date (inscription osque sous le pied) ni son type (hellénistique, de un à trois siècles av. J.-C.), ou pompéien (1er siècle après ?) Les gardiens du trésor reconnaissent honnêtement aujourd’hui qu’on n’en sait toujours rien [6], ajoutent un «?» après l’indication «seconde moitié du 1er siècle av. J.-C.» (p. 47) et reconnaissent que sa datation dépend du rapport qu’on lui prête avec la prise d’Alésia. Hélène Chew développe des propos tranchés, après avoir rappelé la rumeur qui courut vite sur une tricherie de Stoffel, coupable d’avoir trouvé la coupe ailleurs et d’avoir offert à Napoléon III le plaisir d’ôter lui-même la gangue de terre laissée autour de l’objet…
«Il reste difficile d’avancer une hypothèse très étayée sur la présence du «canthare» à Alésia. En effet, il n’a pas nécessairement été perdu lors de la bataille de 52 avant J.-C., car Alésia fut aussi une importante ville à l’époque romaine, et un vase de luxe peut y avoir été utilisé puis enfoui [7].» Voilà qui fait plaisir à lire ! Il est curieux, du reste, que la datation de l’objet vers le milieu du 1er siècle av. J.-C. soit confirmée par François Baratte en 1989 [8]», puisqu’on hésite encore en 2017.

Pour ce qui est du statère, non moins honnêtement signalé par Hilaire Multon et Catherine Louboutin, responsables du M.A.N., comme «statère à la légende VERCINGETORIX, or, trésor monétaire de Pionsat (Puy-de-Dome), 1er siècle avant J.-C. [9]», le Manifeste pousse des cris d’horreur à l’idée qu’il pût s’agir d’un support de propagande pour l’ouvrage de l’Empereur, rappelée, mais d’après combien d’historiens des deux derniers siècles, par Franck Ferrand [10]. À l’appui de cette protestation, on s’emploie à dérouler l’historique de la célèbre monnaie. Mais qu’elle eût été acquise en 1867, après la publication, en 1865, du livre de Napoléon III, enlève-t-il quelque chose à l’exploitation qu’en fit l’Empereur ? La vie de Napoléon III ne s’arrêta pas à la publication de son Histoire de Jules César ! et la possession d’une pareille monnaie – découverte en 1852 [11] – ne pouvait que lui être agréable, ainsi qu’à tout son entourage sensible à l'épisode «Alésia» et jusqu’au grand public, même si elle arrivait un an plus tard que le livre impérial pour prouver Alésia dans Alise. On se passionna pour  la question bien après 1865-1866 et l’écrit napoléonien ! Si tant est que le livre fût article de foi : déjà Ludovic Halévy parlait [12], à propos d’Alise, d’un «auguste fiasco»

Que l’Empereur eût fait servir à sa propagande le statère et son inscription ne me paraît pas du tout une allégation aventureuse, et Franck Ferrand ne s’est fait que l’écho de la croyance générale. Inutile, au passage, d’aller chercher, si l’on veut parler d’Alésia, les réfutations opposées à ses écrits sur le troisième homme (? [13]) de l’Affaire Dreyfus qui ne font que recenser les doutes émis par des chercheurs eux aussi marginalisés. Schliemann s‘est bien trompé sur Troie, on valide aujourd’hui la nouvelle localisation de Teutobourg, et le Ciel fera sans doute que la véritable Gergovie et le véritable Uxellodunum seront reconnus un jour ! Mais les trois erreurs de Stoffel ont la vie dure.  

«Comme d’habitude, dans ce dossier, il suffit de lire les résultats des recherches récentes» ironise le Manifeste. Nous les avons toutes lues. La preuve ? D’autres chercheurs que les archéologues signataires reconnaissent les faits : il y eut bien annexion par l’Empereur, pour son livre, d’une monnaie gravée du nom de Vercingétorix, mais en bronze, trouvée, selon Joël Le Gall, «dans les fossés romains au pied du Mont-Rhéa [14]». Provenance étrange, puisque la pièce fut forcément frappée pendant le siège et que Vercingétorix ne participa pas à la bataille du camp Nord... «Napoléon III et ses collaborateurs utilisèrent évidemment ce document exceptionnel pour l’identification d’Alise-Sainte-Reine avec Alésia»… écrit en toutes lettres Brigitte Fischer [15] bien que sa composition métallique, du bronze croyait-on, fût moins prisée que l’or. Le miracle De Saulcy apporta donc, avec le statère de Pionsat, la preuve en… or qui manquait. La pièce de bronze disparut alors mystérieusement, rappelle Jacques Harmand [16], «et la monnaie d’or de Pionsat, conclut Brigitte Fischer, passa implicitement pour la pièce alisienne». 

C.Q.F.D. Avant d’accuser notre ignardise ou notre passéisme, peut-être faudrait-il consulter les écrits récents de ses propres partisans [17] ! Ni les publications  de Brigitte Fischer, ni celles de Silvia Nieto, de Jacques Harmand, de Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu ne remontent avant la guerre… en l’occurrence celle de 1870 !

Le Manifeste brandit le statère d’or, mais ignore étrangement la composition des autres monnaies en orichalque [18], alliage métallique inconnu avant, au bas mot, 30 av. J.-C., une énigme démontrée, justement, par Sylvia Nieto, en même temps qu’elle mettait en lumière le paradoxe de monnaies usées jusqu’au cœur en ayant servi seulement un mois après leur frappe [19] ! Peut-être nos écrits trahissent-ils notre «profonde méconnaissance des travaux récents», mais la discrétion officielle sur ce point précis ne lui cède en rien !

On peut s’interroger aussi sur l’utilité de battre monnaie sur cet oppidum. Le Manifeste allègue que ces pièces «obsidionales» «servaient de reconnaissance de dette, le possesseur pouvant les échanger contre des pièces d’or après la fin de conditions exceptionnelles, comme par exemple (sic) un siège ou une campagne militaire», copié dans l’article de Brigitte Fischer, supra, p. 73, Claude Grapin etc. Première nouvelle ! À quoi bon frapper monnaie pour payer une «solde» à des combattants venus par patriotisme, puisqu’il n’est jamais question de mercenaires dans l’armée de Vercingétorix, et qui ne pouvaient rien acheter, sur un oppidum où tout manquait de ce qui assurerait leur survie ? L’or faisait défaut, dit-on. Vercingétorix aurait pris avec lui les coins mais pas le métal ? Aurait-il négligé d’emporter son trésor de guerre dans les bagages dont il se soucie explicitement ? (B.G., VII, 68, 1) ? 

Le nombre des monnaies fluctuait d’un Alisien à l’autre [20], sous Napoléon III et après lui, leur provenance était suspecte, leur groupement inexplicable ; et voilà que nos contemporains les récusent à cause de leur composition et de leur usure ! Mieux vaut ne pas alléguer les preuves numismatiques pour assimiler Alise à Alésia. Ces monnaies apportent «la preuve irréfutable» qu’Alise fut Alésia, et Alise prouve à son tour que les monnaies datent de 52 av. J.-C… Prudence, prudence ! Car si Alise n’est pas Alésia, la datation par les monnaies s’effondre.

La pluralité des sièges menés autour d’Alise devrait satisfaire aussi Christian Goudineau qui, dans son Dossier Vercingétorix, demande seulement aux adversaires d’Alise-Alésia ce qu’ils font des vestiges militaires et des artefacts qui en constituent les preuves. Il pouvait déjà trouver une réponse argumentée, «époque des grandes invasions»,  chez Auguste Castan qui s’était posé la question en… 1861, à cause des camps circulaires, des armes germaniques, des monnaies apportées d’ailleurs, des petits fossés creusés dans une plaine marécageuse qui  ne pouvaient être ceux dont César donne les dimensions. Il est parfois utile, messieurs les archéologues, d’aller voir ce qu’ont dit, bien avant vous, des chercheurs autorisés : ils vous éviteraient du travail inutile et des conjectures aventureuses.

Mais ils persistent et signent. Encore dans le dernier bilan que publie Jean-Paul Demoule (Archéologia, 554, mai 2017, p. 12) : «L’abondance des armes, gauloises et romaines, et des pièces de monnaies (sic) appartenant aux différents peuples gaulois coalisés, authentifièrent la découverte, même s’il y aura toujours quelques personnages en mal de célébrité, journalistes ou érudits improvisés, pour soutenir le contraire.»

Cette abondance serait même une surabondance, donc douteuse : laisser traîner dans un fossé 799 pièces de monnaie ! des armes neuves ! surtout quand, dans la même revue, les gardiens du trésor «alisien» rendent à Pionsat (Clermont) la provenance du statère d’or qui y fut découvert et ne prouve donc strictement rien, sinon qu’Alésia était Clermont-Ferrand (!), si tant est que, selon Claude Grapin, les coins servant pour l’or ne quittent jamais le chef [21]. «En outre elle révèle la présence sur place du matériel destiné à la frappe du monnayage d’or au nom de Vercingétorix, preuve de la présence du chef arverne en personne sur le site». Vercingétorix aurait-il eu le don d’ubiquité, puisque les coins étaient à Alise, avec lui, là-haut, et les statères à Pionsat, très loin, là-bas ? On peut tenir deux raisonnements inverses. Le sien : «des monnaies d’orichalque ont été frappées à l’aide de coins servant pour l’or. Comme les coins ne quittent jamais le chef, c’est que Vercingétorix était présent à Alise-Sainte-Reine». Le mien : «les coins servant pour l’or ne quittent jamais le chef ; or, les statères d’or à son effigie viennent de Pionsat (Puy-de-Dôme). C’est donc que Vercingétorix fut assiégé en Auvergne». De quoi déclencher une migraine même chez un sophiste.   

Devant l’aporie que présente la question des monnaies, les Alisiens ont opéré un virage sur l’aile, qu’étudie notre Supercherie dévoilée p. 332-337 : il s’agirait d’un dépôt cérémoniel opéré par les Romains pour frapper l’imagination des Gaulois (Paul-Marie Duval [22]), ou, Laurent Popovich, d’un double dépôt privé, le premier datant de 80 av. J.-C. – ce qui expliquerait que ces monnaies soient neuves – complété en 52… Mais comment les légionnaires qui creusèrent les fossés en 52 n’auraient–ils pas récupéré ce trésor de monnaies d’argent ?

Et puis, son emplacement… D’un seul tenant, selon Pernet et Napoléon III, dispersé sur une grande longueur, provenant seulement d’un fossé du Réa ou bien regroupé depuis trois  lieux de découverte afin d’authentifier la présence d’un camp au pied du Réa… Surtout, l’amoncellement d’un presque millier de monnaies perdues par les tribus venues secourir Alésia, dans le fossé intérieur de la fortification (contrevallation) qu’elles ne purent jamais atteindre ! Michel Reddé opère un nettoyage expéditif : le fossé servit de dépotoir après le siège, on y déversa tout ce qui trainait sur le terrain, armes, monnaies, corps de chevaux... D’où l’aspect hétéroclite des artefacts recueillis [23]… et l’inutilité de toute perplexité sur leur provenance ! Surprenant, néanmoins, cet abandon de monnaies et de pièces d’équipement qui auraient pu être utilisées par ces vainqueurs… bien désintéressés. On récupérait les moindres bouts de métal, on dédaigna épées,  casques, boucliers, lances en parfait état, et surtout monnaies utilisables immédiatement… 
***

Aucune explication n'a levé les doutes, anciens et modernes, sur les artefacts.
La remise en question se rabat donc sur les éléments géographiques. Et sur ce point, incompatibilité flagrante entre le site d’Alise et le récit de César, même les plus rigides des historiens d’Alise admettent cette vérité première, sauf quelques autruches, qui oublient les détails complémentaires au paragraphe 69 : que la plaine soit en longueur, enclavée, que la montagne Nord soit au nord, et son camp à son sommet, la proximité des rivières, la longueur des lignes... 

Tantôt César verse dans un déplorable flou artistique, tantôt il est la référence absolue. Joêl le Gall exalte le paysage suggéré par César… et critique dans la même phrase l’admiration générale qu’il suscite : «Que ce paysage magnifiquement brossé corresponde très exactement au mont Auxois, on l’a dit et redit, pourtant, ce consentement unanime repose sur un contresens… » (p. 50) et d’accumuler les raisons de douter… Les archéologues signataires louangent, encore, la parfaite adéquation du paysage avec ce qu’en décrit César : «Une colline imprenable car tout simplement on ne peut en approcher des machines de siège, à la différence des autres places fortes attaquées par César ; elle est bien entourée de collines de taille équivalente (altitude de 380 m contre 400 pour le Mont Auxois), deux rivières coulent au pied de ses falaises et une plaine s’étend bien à l’avant (à l’ouest) de l’oppidum. C’est bien l’interprétation qu’A. Berthier fait du texte qui ne correspond pas au Mont Auxois et non pas la description lapidaire de César.»

À cela près qu’Alise ne barre aucunement le passage, puisque 300 m la séparent des ruisseaux qui ne coulent pas «au pied» de «falaises» inexistantes sur leurs rives, et qu’environ 1,5 km, mais plutôt 2,5, l’éloignent des collines environnantes, qui ne sont donc pas séparées d'elle par un "espace réduit", mediocri interiecto  spatio : César n’a pas même à l’assiéger, il passe à droite ou à gauche et voilà tout. Déjà, Napoléon 1er s’étonnait que ce monticule – il écrit : «un mamelon [24]» et cette ville «d’une médiocre étendue» eussent pu être choisis par le chef gaulois pour y arrêter un César ! La plaine ne s’étend pas «à l’avant», puisqu’une forme «en croissant» ne peut guère avoir d’avant ni d’arrière et que cet ante aurait dû être plus exactement, ce me semble, ad occidentem (solem) ; elle n’est pas non plus «glissée entre des collines» et ne s’étend pas sur 3000 pas en longueur [25].  Enfin, l'importante montagne «laissée à l’extérieur des retranchements» n’est pas au nord mais au nord-ouest.  Voilà pour ce qui est du paysage.
  
Ce qui est écrit est écrit… Pourtant, la Communauté ayant établi que c’était là et pas ailleurs, pas question de contester ce postulat, et creusons là où elle nous a dit de creuser. Divorce complet. 

Obscurantistes et incultes, nous persistons à considérer que si César avait eu devant les yeux le paysage d'Alise, il n'aurait pas décrit celui de Chaux. Nous nous sentons donc fondés en droit d’appliquer son texte avant de prétendre creuser n’importe où… surtout, en évacuant les éléments fondamentaux qu’il révèle et qui contredisent implacablement une hypothèse  établie sans en tenir compte.

Mais la Communauté…
«Aujourd’hui, l’ensemble des archéologues français et étrangers considère que tout concourt pour faire des vestiges datés du milieu du Ier siècle avant notre ère, découverts à Alise-Sainte-Reine (21) et dans ses environs, les preuves indiscutables que ces lieux ont été le siège de la bataille d’Alésia relatée par César dans La Guerre des Gaules.» (Manifeste, intitulé «Alésia n’est pas dans le Jura»). Sans examiner ces vestiges dans le détail, mieux vaut.

Nous avons renvoyé la balle depuis longtemps avec l’exemple de Galilée, lui aussi seul devant l’accord unanime des Docteurs de la Science coalisés contre lui et qui le condamnèrent tout aussi allègrement. Mais sans Galilée, la terre ne tournerait pas rond – si tant est que ces derniers temps nous amènent à douter qu’elle tourne dans le bon sens – et elle aurait toujours l’aspect d’une boîte de camembert, telle que l’imaginait l’Antiquité.
                  (n.b. L’Antiquité ne connaissait pas le camembert,  je sais, et le précise avant 
                       que la Communauté qui signa le Manifeste ne nous inflige au moins trois 
                       paragraphes pour en apporter la démonstration. L’image est là seulement 
                       pour assurer une compréhension immédiate.)

Il faut signaler toutefois que cet accord repose sur… la confiance aveugle dans la parole des Autorités archéologiques. Or, les signataires du Manifeste se réclament tous de la recherche archéologique sur des périodes bien antérieures au siècle de César, ou d’une histoire romaine bien postérieure. Quant aux historiens actuels qui ont écrit sur Alésia, et n’ont pas signé le Manifeste, Jean-Louis Voisin, Yann Le Bohec, Jean-Louis Brunaux, ils n’abordent jamais les points cruciaux sur lesquels porte le désaccord et s’en remettent eux aussi au satisfecit de la «Communauté Scientifique», en l’espèce, aux écrits de Michel Reddé, Christian Goudineau, ou, avant eux, Joël Le Gall. Je ferai remarquer, en toute immodestie, que je suis moi-même Docteur d’État, et que si la plupart de mes quatre-vingt quatorze publications concernent la Rome archaïque et augustéenne dans ses aspects religieux et historiques, j’en suis tout de même à mon sixième livre sur le sujet d’Alésia, après, respectivement, des écrits de 215 pages,  296,  520 en petits caractères, 528 en un peu plus gros, 426 en collaboration, le sixième étant en cours. Eh ! oui…

Mieux vaut, pour nos archéologues, fonder son indignation sur des articles de journaux, et en isoler des propos de notre part, polémiques, certes, mais justifiés par les qualificatifs que nous décernent toutes les publications des Alisiens que j’ai reproduits déjà [26], plutôt que s’attaquer au fond du problème et aux écrits que je persiste à croire «scientifiques» –  l’étude des textes étant tout de même une science.

Or, c’est ce que nous avons fait. Le grand Rapport de fouilles établi par Michel Reddé et  Siegmar von Schnurbein, 3 vol., Paris, 2000, qui consigne les résultats des fouilles récentes (1991-1997 et non celles de Napoléon III comme on nous en fait le reproche) n’a plus de secrets pour nous. Nous : Éric de Vaulx, Jacques Berger,  Jacques Rodriguez et moi, qui avons fondé sur lui toutes nos études publiées dans Alésia : la supercherie dévoilée, Pygmalion, 2014, et dont j’avais établi, dans l’Imposture Alésia 2, l’Imaginaire de l’Archéologie, B.o.D., 2010, que chaque contribution se concluait sur un aveu de doute, d’impuissance ou d’échec. Le chapitre de la Supercherie dévoilée intitulé : les Surprises du chef [27] p. 329-351, était le résultat d’un mixage opéré par moi entre le CD de fiches confié à la mort de Jacques Berger par son épouse, Catherine, les notes manuscrites de Jacques Rodriguez, décédé depuis, et mes propres observations, chaque apport des uns ou des autres étant signalé par leur nom.

Nous avons donc seulement retourné contre les chercheurs alisiens leurs propres conclusions. Avant de nous accuser de «mensonge», il faudrait peut-être lire ce que nous avons écrit, et prouver ce jugement à l’aide d’exemples précis.

J’ajouterai que s’entassent dans le studio que j’ai dû louer tout exprès pour y installer la documentation et la recherche sur Alésia, toutes les revues de vulgarisation qui paraissent sur la Gaule, Rome, la guerre des Gaules, César et toutes les questions qui concernent Alésia, outre tous les volumes et articles parus, à ma connaissance, depuis Napoléon III. Ainsi puis-je faire justice de l’accusation : «ces personnes ignorent les progrès des recherches historiques et archéologiques de ces dernières années» (Manifeste, 2017, p. 1) ; ou encore : «… les différentes publications liées aux fouilles de 1991-1997 que D. Porte est censée avoir lues». Oh ! oui, elle les a lues. Faut-il qu’elle en scanne les couvertures pour en donner la preuve ?

Quant aux ouvrages perdus sur lesquels le Manifeste fait des gorges chaudes, en se fondant sur le raccourci d’un article de quotidien et non sur l’interview où je développai la pluralité de témoignages consultés sans doute par les historiens antiques, c’est de l’ironie bien facile [28] autant que la preuve d’un manque de curiosité dans la recherche des sources plutôt étonnant. Ah ! il faut creuser un peu dans les textes, si l’on veut établir la genèse des documents que nous possédons, ce qui est essentiel pour démontrer que César n’était pas une source unique et donc contestable lorsque son texte dérange Alise. Je revendique cette recherche, le B.A.BA que tout historien doit envisager, et qu’aucun Alisien n’a pris la peine d’effectuer.

Les sources que j’énumère dans Vercingétorix n’«existent pas» ? À l’évidence. Mais elles ont existé et les historiens anciens qui évoquent la guerre des Gaules (chez qui j’ai effectivement relevé tous les noms d’auteurs qui en parlaient et qu’ils ont consultés) citent souvent leurs sources, indirectes pour nous, mais directes pour eux.

En tout premier lieu, les Éphémérides, ou «Journal de bord» de… César, que cite encore le grammairien Servius Maurus Honoratus, au IVè  siècle ap. J.-C., ad Buc., 9, 47, où était relatée la capture de César par un Gaulois lors du combat de cavalerie ; Appien, Guerre celtique, 18,  y fait allusion. Plutarque a dû leur emprunter l’anecdote du glaive perdu (Cés., 26, 6, 6).

On peut tabler sur les écrits des combattants d’Alésia : j’y ajouterai les Mémoires de Marc-Antoine, qui commandait le camp de plaine lors du combat décisif, celles de Trébonius, qui combattait à ses côtés, tous deux correspondants de Cicéron. À propos de la correspondance, essentielle dans une Rome qui ne possédait pas de media, on doit bien tenir compte de celles dont l’existence nous est formellement attestée : celle de César avec Cicéron, consultée par Suétone (Diu. Iul., 56), tandis que celle de César avec ses familiers, Oppius, Balbus, fut publiée après sa mort (Suétone, ibid., 1, 1 ; Aulu-Gelle, Nuits Attiques, 17, 9, 1) et donc accessible à tous. Celle de Cicéron avec son frère ne se limitait pas, bien sûr, aux deux paragraphes qui nous sont parvenus, et rapportait certainement les péripéties que Quintus transmettait à Marcus, étant lui-même l’acteur des événements du livre V et écrivant quotidiennement à César (B.G., 5, 40 ; 45 ; 48) ; et l’on possède l’attestation des lettres que le juriste Trébatius, familier de César (Cicéron, Fam., 7, 14), envoyait à l’orateur, qui se trouvait d’autre part correspondant  de Munatius Plancus, légat de César en Gaule, B.G., 5, 24-25… Comment tous ces témoins des événements auraient-ils pu falsifier unanimement leurs rapports ou récits, surtout envoyés sur le vif ?

Conjecture, mais fondée, l’existence de chapitres portant sur la guerre des Gaules dans les biographies sur César : celles qu’écrivirent Oppius (Suétone, 53, 2 ; Plutarque, Cés., 17, 4), et Titus Ampius ; tandis qu’on peut tabler sur des précisions pratiques contenues dans les Pragmatica Belli Gallici («Données concrètes sur la guerre des Gaules») de Furius Bibaculus, ou dans les Annales de Tanusius Geminus qui rapportaient, dit Plutarque, Cés., 22, 4, «tout ce qui se passait en Gaule». Il va de soi que parlaient d’Alésia les historiens qui le précisent eux-mêmes, Tite-Live, dont le livre 108 couvre tous les événements de 52 av. J.-C., dont, avec mention expresse, le siège d’Alésia (Per., 108) ; Appien, qui publia toutes les péripéties du siège dans un livre spécial de son Histoire, «consacré à la Gaule» (2, 17) ; Asinius Pollion, dans son Histoire relatant les événements survenus entre 60 et 27 av. J.-C. ; Strabon, qui poursuivit l’ouvrage de Polybe jusqu’à l’assassinat de César ; Q. Ælius Tubéro, consulté par Aulu-Gelle et Dion Cassius ; et même un poète, Varron d’Atax, qui consacra un ouvrage, le Bellum Sequanicum, à la «Guerre de Séquanie».  

Admettons que l’existence d’archives de Trogue-Pompée, secrétaire, garde des sceaux et interprète de César, soit plus hypothétique, ou bien celle des papiers de Labiénus. On ne pourra douter, en revanche, des Annales officielles dont fut chargé, depuis  63, le Grand-Pontife César… ainsi que des lettres et écrits quotidiens de César au Sénat auxquels fait allusion le discours Sur les Provinces consulaires de Cicéron, § 9. En 59, César fit réorganiser les archives et les journaux de la Ville, et les fit même parvenir à l’étranger.

Oui, j’ai décortiqué toute la littérature latine, surtout historique, mais aussi les compilateurs, les amateurs de curiosa, les collectionneurs d’anecdotes, les archivistes, les scientifiques en tout genre qui nous renseignent sur Rome, afin de dresser ce catalogue, inaccessible, c’est une certitude puisqu’il s’agit d’ouvrages disparus, mais dont il n’est pas mauvais de connaître au moins l’existence pour apprécier plus justement les textes des historiens que nous pouvons lire encore.

Auguste, affirme Claude Grapin, «fit rechercher et détruire les témoignages dissonants [29]», preuve que la version des faits donnée par César était contestée. N’extrapolons pas ! Auguste «interdit de livrer au public», par une lettre à son bibliothécaire, des écrits poétiques, tels un Éloge d’Hercule, une tragédie sur Œdipe que son grand-oncle composa «dans son enfance et sa toute première jeunesse», a puero et ab adulescentulo (Suétone, Diu. Iul., 56), et qui ne devaient guère ajouter au renom littéraire de leur auteur, même s’il était déjà un enfant surdoué.

Pour ce qui est de mes collaborateurs, eux aussi appuient leurs conclusions sur une documentation solide. Il n’est que d’ouvrir la Supercherie dévoilée pour remarquer toutes les notes, toutes les références, tous les chiffres relevés tant dans les écrits napoléoniens que dans les publications actuelles. «Érudits improvisés», selon Jean-Paul Demoule, dans le dernier numéro d’Archéologia [30] ? Improvisés, peut-être. Mais érudits.

Dénigrer l’adversaire, voire l’accabler de quolibets malvenus, ne constituera jamais une réponse argumentée. «Élevons le débat et notre voix», ont-ils sous-titré leur réquisitoire. La voix, c’est sûr. Le débat ? On peut en douter, lorsqu’on lit, avec à la fois frayeur, honte pour sa propre corporation, et vague amusement devant tant d'aigreur  jalouse : «Franck Ferrand, le sémillant et papillonnant journaliste qui aime à se montrer en train de lire César dans le texte, assis dans une cabine d’hélicoptère.»

Assis ou debout, Franck est capable de parler une heure et demie voire davantage, sans notes et sans textes, sur Alésia et sur la guerre des Gaules, entre cent autres sujets d’histoire. Avec citation exacte et en latin ou en grec des passages révélateurs. Combien des archéologues ou des historiens signataires en sont-ils capables ? Même un archéologue lyonnais venu assister à une conférence donnée par lui, sur notre sujet, à Lyon, se montra incapable de citer en latin la fameuse phrase qui contient le In Sequanos et, fou de rage, quitta la salle en clamant : «De toute façon, moi j’écoute France Inter, pas Europe 1 !»  Ce qui grandit puissamment l’archéologie lyonnaise.

«F. Ferrand a un DEA d’histoire moderne sur Versailles et se contente de recycler des thèses éculées et complotistes, sans rien apporter de nouveau. La plupart de ses ouvrages est démonté (sic) par les différents spécialistes des périodes évoquées.»

«… elle n’est entourée que d’amateurs dans le domaine. Elle définit ainsi leur méthode de travail : «Chacun a fait ce qu'il a voulu en fonction de ses propres compétences» (Voix du Jura du 15 mai 2014). Reprenons donc la liste de ses fameux «chercheurs et experts» : Éric de Vaulx (vétérinaire), Régis Sébillotte (retraité des sociétés autoroutières), Yannick Jaouen (chargé d'études dans le BTP), Bernard Gay (retraité de l'armée), Jacques Rodriguez (professeur au Conservatoire), René Marchand (journaliste de presse halieutique), Arnaud Lerossignol (secteur bancaire) et François Chambon (architecte), ce dernier s’étant auto-proclamé spécialiste du LIDAR.»

L’outrance de ces propos, vu leur mesquinerie, ne devrait même pas appeler de réponse. Je commenterai toutefois, simple souci de justice et d’exactitude.

Un diplôme, obtenu «en chambre», ne confère pas une habilitation à traiter les questions pratiques que pose Alésia, tandis que des spécialités «extérieures» peuvent fort bien les aborder. Après tout, le seul à s’être aperçu que le roi était nu, selon la fable célèbre, fut un petit garçon, alors que les courtisans n’avaient rien vu, ou ne voulaient rien voir. Alise est nue : pour s’en apercevoir, point n’est besoin d’être grand clerc ; et donc, d’arborer des titres prestigieux  et un label CNRS pour parler de ce moment d’histoire, lorsqu’on ne s’avise même pas que si le camp est en haut, il n’est pas en bas, s’il est dedans, c’est qu’il n’est pas dehors. Nous reparlerons, bien sûr, de ce camp !

Que chacun ait travaillé selon ses méthodes sans que j’aie voulu intervenir et harmoniser, est un reproche curieux de la part d’universitaires : ce n’est que l’application des pratiques utilisées dans les volumes de Mélanges, où chaque contributeur reste maître de ses écrits. On remarquera que le grand Rapport de fouilles ne procède pas autrement !  

Et surtout – ce qui ne fait illusion à personne tant il est vrai que recourir à l’injure est la preuve par neuf de l’impuissance où l’on est de répondre honnêtement –  il est bien malvenu de tourner en dérision les professions des auteurs de la Supercherie dévoilée, qui ne sont pas archéologues. S’ils ont passé leur existence professionnelle à des occupations autres que l’histoire et l’archéologie, ils ont meublé leurs loisirs ou leur retraite à examiner de fort près les éléments concrets auxquels ni les historiens ni les archéologues n’ont accordé la moindre attention, les uns accrochés à leurs bouquins, les autres à leurs tessons, sans qu’aucun ne lève le nez pour lire la Guerre des Gaules en posant ses lunettes «Alise».

Il m’apparaît donc tout à fait licite de voir un vétérinaire (Éric de Vaulx) traiter la question des restes de chevaux trouvés autour d’Alise. Son étude prouve d’ailleurs amplement qu’il maîtrise les arguments de dentition et de taille des ossements donnant des indications sur la provenance des montures, romaines, gauloises ou germaines à identifier, ce qui lui permet de conclure, au terme d’un examen minutieux : «L’étude des restes de chevaux trouvés au pied du Réa, telle qu’elle est exposée dans le Rapport de fouilles, et qui conclut à la présence de chevaux romains, gaulois et peut-être germaniques, ne permet en aucun cas de tirer une conclusion quant à l’éventuel rapport de ces vestiges avec la bataille d’Alésia.»     

Il est non moins licite qu’ayant passé sa vie active sur des tracés d’autoroute, Régis Sébillotte emploie sa retraite à s’occuper des routes (pas d’autoroutes dans l’Antiquité, voyons !) susceptibles d’avoir été empruntées par César, partant, de l’itinéraire qui le menait le plus commodément à la Prouincia.

Prétendrait-on que, travaillant dans la banque, on n’a pas le droit d’investiguer sur les monnaies d’Alise ? Ce serait regrettable. L’étude d’Arnaud Lerossignol en apporterait confirmation, fondée sur les perplexités des Alisiens eux-mêmes : des monnaies frappées un ou deux mois seulement avant la reddition de Vercingétorix ne pouvant pas être complètement usées ; outre que des monnaies fabriquées en orichalque ne peuvent dater d’une période où cet alliage n’existait pas [31]. Dans la foulée, la bibliographie qu’il mentionne prouve assez que sur le chapitre des fibules et des amphores, il était amplement armé pour accorder foi aux conclusions des archéologues et des historiens consultés, qui s’accordent tous sur une date avoisinant 30 av. J.-C. et non pas 52.

Irait-on s’offusquer qu’un ex-militaire du Service de Santé des Armées s’intéresse aux conditions matérielles de la survie des assiégés, densité d’occupation des sols, déchets, exécution des travaux d’encerclement, ressources en eau ? Comme tel, Bernard Gay était tout à fait en mesure de le faire… et ses conclusions, touchant des réalités… incontournables, si elles sont délicates à traiter, s’appuient toutes sur des chiffres durs à contester. Ses considérations d’hygiène, si elles offusquent le bon goût des universitaires, étaient néanmoins impérieuses pour des gens qui devaient marcher et dormir dans une couche de… merde, uniformément étalée, épaisse de 2 à 3 bons centimètres ! Qu’on fronce le nez, mais qu’on en admette la réalité… intangible.

Même remarque à propos d’un Yannick Jaouen qui, ayant longtemps mesuré des surfaces à construire et à habiter, utilise cette expérience à dresser une estimation des surfaces nécessaires à l’habitat des Mandubiens et à leur cheptel. En prenant, même, l’exemple d’un spectacle de variétés qui avait l’intérêt de «dire quelque chose» à tous les lecteurs.

Beaucoup d’eau ? Oui, mais… autour, pas dedans. Autour, où elle transforme la terre en pataugeoire et interdit les fortifications, Victor Pernet l’écrivait lui-même à Stoffel : on devait faire écoper, avant la visite de sa Majesté Impériale [32] ! Qu’un hydraulicien se penche sur la question n’a rien qui déshonore… et même deux commentateurs, et même trois tant le problème de l’eau était crucial. L’ont fait René Marchand, Bernard Gay et Jacques Rodriguez, tous concernés à divers titres. En 1898, Victor Pernet mentionne «la seule source qui jaillisse sur le plateau». Quelque miracle a dû la multiplier depuis. Sainte Reine, sans doute.   

Enfin, qu’un fervent de polémologie, François Chambon, qui emploie tous ses loisirs à travailler aux reconstitutions d’armes et à l'interprétation des combats antiques selon les révélations techniques des textes, évalue le cadre des combats, les distances données par César et les durées, pour en conclure une distance plausible entre l’engagement de cavalerie et l’oppidum, essentielle à sa localisation, ne devrait pas soulever la moindre objection. Et quant au Lidar, des spécialistes officiels lui ont apporté, on devrait s’en douter, les informations indispensables. Serait-il interdit de s’instruire sur des techniques inconnues à l'époque où l'on faisait ses études ?

J’ai réservé pour la fin la connaissance exacte des textes, fondatrice de toute recherche. Qu’on le veuille ou non, ce sont bien les indications d’un texte qui permettent de délimiter un secteur susceptible d’avoir contenu Alésia, et pas les mouvements gratuits d’une pioche s’agitant au hasard n’importe où dans l’Hexagone. Et à ce titre, l’insupportable prétention d’une assertion telle que celle-ci : «En réalité, ce n’est pas le texte latin qui peut éclairer la localisation, mais la localisation qui permet de choisir comment traduire le texte de César»  ne peut que susciter chez les latinistes comme chez tous les gens de sens rassis, qu’un rire homérique ou apitoyé.

On m’oppose d’emblée les titres : «Michel Reddé et Christian Goudineau sont des agrégés de lettres classiques, formés à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, pensionnaires de l’École française de Rome, et des philologues reconnus avant d’être des historiens et des archéologues.»

On veut bien. Il n’empêche que Michel Reddé ne pourra jamais faire qu’altero die signifie autre chose que le «lendemain» et donc pas le «surlendemain [33]». Le sens de alter, «l’un ou l’autre de deux», et pas «de trois», est enseigné dans tous les manuels scolaires premier âge. Altero die signifie «le lendemain», pas autre chose. Ainsi d’ailleurs l’établissait le grand maître des Alisiens, Joël Le Gall : «Napoléon III […] s’est lourdement trompé car le latin a l’habitude de compter le jour d’où part un comput de ce genre comme le premier ; le «second jour» est donc forcément le lendemain». Détail important, car il nous permet seul de nous faire une idée de la distance à laquelle la bataille de cavalerie s’est déroulée.» (Alésia, Archéologie et Histoire, 1963, p. 77).  

C’est ce que confirme notre partisan René Martin, lui aussi latiniste reconnu, Professeur honoraire à l’université de Paris III, cité dans la Supercherie, p. 184 : «Dans la phrase de César, altero die ne peut en aucune façon signifier autre chose que “le lendemain”, puisqu’il s’agit du jour suivant immédiatement la déroute de la cavalerie gauloise, poursuivie par César jusqu’à la tombée de la nuit (quantum diei tempus est passum), aucun autre jour n’étant mentionné. Donc, dans ce cas précis, traduire altero die par “le surlendemain” est tout bonnement un contresens, qui serait sanctionné comme tel par tout correcteur de version latine. Au demeurant, si César avait voulu dire “le surlendemain”, il l’aurait dit, en utilisant le mot ayant clairement ce sens, à savoir perendinus (dies), qui faisait partie de son vocabulaire, puisqu’il l’emploie au moins une fois, dans B.G., 5, 30, 3, perendino die cum proximis hibernis coniuncti (“ayant rejoint le surlendemain les quartiers d’hiver les plus proches”.)»

La cause est entendue. Alésia ne peut être située à plus de 25 km d’une plaine ayant pu admettre 15.000 cavaliers, l’avant-garde de l’armée romaine augmentée bientôt du reste de l’infanterie, du moins en partie vu la longueur de la colonne de marche, et d’une nombreuse infanterie gauloise en attente derrière une rivière. Rien de tel à l’horizon d’Alise.

Pourtant, prétendre associer les chapitres 66 et 67 au chapitre 69, la bataille de cavalerie livrée la veille, et l’arrivée sous Alésia le lendemain, apparaît comme une incongruité, à tel point que le recueil des textes relatifs à Alésia [34] ne commence qu’au chapitre 68 ! Ainsi, le problème que pose la distance, et qui élimine Alise, est-il résolu d’avance, puisqu’on ne le pose pas.

Les chiffres embarrassent, faut-il croire, les grands responsables alisiens, qui les accommodent à leur sauce personnelle. Vercingétorix demande en renfort tous les Gaulois valides, et ne voit arriver que 254.000 hommes ? Cette donnée, pourtant claire, devient : «Il demande 254.000 hommes et en voit arriver beaucoup moins». Pour des savants qui font de César leur Bible, jeter aux oubliettes son chapitre VII, 75, tout entier consacré à l’énumération des troupes de secours, tribu par tribu, est pour le moins surprenant [35]. Et ne parlons pas de la confusion entre le chiffrage de la contrevallation et celui de la circonvallation, intervertis selon le bon plaisir d’Alise… ni des effectifs des légions, pour lesquels on se fonde sur le nombre de 4.500 mentionné chez Polybe (guerres puniques, IIIè siècle av. J.-C.) alors que Marius, grand-oncle de César, porta l’effectif à 6.000. Et cela change radicalement la donne, ne serait-ce que pour la question des surfaces…

À ce propos, le Manifeste joue sur les mots, une fois de plus, lorsqu’il m’accuse d’utiliser Polybe et  les renseignements qu’il nous livre sur l’armée romaine pour en déterminer la capacité d’accueil du Mont-Auxois. N’importe quel lecteur lambda, croyais-je, comprendrait bien que je me référais au seul chiffrage dont nous disposions pour un tel calcul, et transmuterait d’emblée les Romains en Gaulois, les uns et les autres occupant grosso modo le même volume.
                  (n.b. J’espère qu’aucun fan’ d’Obélix et d’Astérix n’objectera qu’il existe des 
                        petits Gaulois et des gros Gaulois, et qu’on ne possède plus les fiches
                        signalétiques des gens de 52 av. J.-C. ! Mais au point où l’on en est…)

On écrit donc – j’aimerais tant que ce soit une boutade ! – «Où Polybe évoque-t-il la question du peuplement des oppidums gaulois ?»… pour contrer une estimation, fondée sur un chiffre antique, de la surface nécessaire pour y loger l’armée gauloise. Malheureusement, nous n’en avons qu’un… et je l’ai utilisé, en quelque sorte, par défaut. J’aurais pu m’en dispenser [36], et établir un chiffrage sur les seules normes dictées par la vraisemblance, en adoptant un gabarit moyen ! Mes scrupules me perdront.

Observons tout de même que, si «l’ensemble des effectifs estimés n’a jamais, selon César, occupé l’oppidum en même temps», il était tout de même indispensable qu’il pût accueillir une ville, très grande et très peuplée selon Diodore, ses habitants, ses bâtiments pastoraux et agricoles, son cheptel et ses pâturages ; les nombreux troupeaux amenés par les Mandubiens ; hors la ville, dans un premier temps, l’infanterie de Vercingétorix, à l’est, derrière une maceria et un fossé ; les cavaliers, présents sur la colline avant leur départ, leurs chevaux et leurs écuyers. Remarquons qu’un cheval et un bœuf occupent davantage d’espace qu’un homme, boivent beaucoup plus et restent difficilement figés sur place. Il ne faut pas les oublier lorsqu’on veut estimer la surface occupée, déjà trop exiguë pour le seul nombre des combattants. Évidemment, César a beaucoup exagéré, toujours pour servir sa gloire, l’effectif présent sur l’oppidum. Antienne connue. Remarquons toutefois qu’il reste assez de survivants pour que chaque légionnaire pût recevoir un esclave après la prise d’Alésia. Naturellement, les effectifs romains ayant été beaucoup surévalués par César (antienne connue, bis) cela ne fait plus grand monde… En nombre absolu, à effectif complet, 60.000 et 72.000 ; ce qui, une fois diminué des morts, représente tout de même quelque chose.

Pour ce qui est du peuplement et de l’habitat gaulois, je me suis bornée à reproduire les conclusions de Fabienne Creuzenet, notamment son étude intitulée : Cherche Gaulois désespérément [37], ce qui est déjà tout un programme.    

L’unanimité des Scientifiques se révèle au surplus bien relative, lorsqu’on avise les nombreuses contradictions et revirements qui parsèment les écrits alisiens. Je ne veux pas reproduire ici leur catalogue, déjà dressé dans mes livres précédents. Il faudrait pourtant que les grands maîtres de la thèse «Alise» accordent leurs violons – (je n’écris pas : «leurs lyres», mais il conviendrait mieux, je sais.)

Conclusion :

D’un côté, des «amateurs», nourris de tous les textes et documents anciens et modernes sur la question, qui émettent des critiques fondées, appuyées sur une documentation sérieusement approfondie et qui n’évacue pas les textes anciens coupables de  déranger une théorie. De l’autre, un agrégat hétéroclite de spécialistes sur d’autres sujets et d’autres moments d’histoire qu’Alésia, qui se réfugient, à bout d’arguments, derrière le bouclier commode de la chose jugée, au lieu de discuter loyalement les points litigieux de leur thèse, préférant recourir au dénigrement et à l’outrage… 

Nous cherchons, et sans cesse, d’autres points d’approche, de nouveaux raisonnements. La Communauté Scientifique se borne à répéter ses affirmations bientôt séculaires, fondées sur le seul argument d’autorité. Imaginez un accusé au tribunal qui se contenterait de répondre : «Ce n’est pas moi qui ai tué ! La preuve ? C’est moi qui le dis !»

Serait-ce recevable ? Même au tribunal de l’Histoire, non.

                                                                                                                                                                 © Danielle Porte                              





[1] Comme l’affirme la profession de foi signée Claude Grapin dans Archéologia,  h.s., 14, 2012, p. 29 : «Leur travail est soumis à un protocole d’analyse puis d’interprétation des vestiges qui vise à garantir la plus grande objectivité. Comme chez tout scientifique, cette démarche reste indépendante de tout enjeu politique et économique». Tout porte à le croire.
[2] P. 51 de l’Oppidum d’Alésia vu par l’archéologie, dans Archéologia, h.s., 14, 2012, 46-51.
[3] Alésia, Archéologie et Histoire, 1963, p. 57-58.
[4] Joël Le Gall : «Nous ignorerons à jamais si c’était un légionnaire qui a donné sa vie pour la grandeur de Rome et pour celle de César ou un guerrier gaulois tombé pour délivrer ses compatriotes assiégés et pour défendre la liberté de sa patrie». Op. cit., p. 66. Admirable inconscience, de partir au combat en emportant une pièce de musée, d’où qu’elle provînt !  
[5] L’hypothèse de l'umbo ne tint pas la route longtemps. Salomon Reinach la mentionne dans le Catalogue des Antiquités du musée de Saint-Germain-en-Laye, 2è éd., relatif à la salle 13.   
[6] François Baratte, Trésors d’orfèvrerie gallo romains, Paris, 1969, p. 56. J’ai commenté ses hésitations dans mon Alésia, l’imaginaire de l’Archéologie, 2010, p. 411.
[7] Articles de Hélène Chew, François Baratte , dans Archéologia, 554, 2017, p. 47.
[8] Claude Grapin, les Nouvelles recherches, dans Archéologia, h.s. 14, 2012, 31-34, p. 34.
[9] Le Musée d’Archéologie Nationale fête ses 150 ans, dans Archéologia, 554, 2017, 42-47, p. 44. La monnaie porte exactement la légende –(N)GETORIXS.
[10] Précédaient cette assertion orale faite pour un journal et donc à l’emporte-pièce, des avis plus anciens et plus directs émanant de sommités : les « truquages » (sic) de Piganiol ou les « tripatouillages » de Colbert de Beaulieu.
[11] Elle appartenait déjà à un collectionneur (collection Gréau), ce que le numismate Félix de Saulcy ne pouvait ignorer.
[12] Carnets, 1,  24 juin 1866, publiés en 1935.
[13] À tant faire que de s’acharner à démolir une théorie en discréditant l’historien qui la mentionne, autant exposer ses doutes de façon explicite, même si la question invoquée n’a rien à voir avec l’ensemble du propos. Le «troisième homme» restera regrettablement mystérieux pour beaucoup de gens.
[14] Op. cit., p. 33 ; Brigitte Fischer, p. 75. Selon Michel Reddé lui-même, «la présence d’une monnaie d’or et de neuf bronzes arvernes étonne assurément dans le camp C». (voir Supercherie, p. 326).
[15] Les Monnaies gauloises du siège d’Alésia, dans Dossiers d’Archéologie, 305, 2005, 72-77, p. 75.
[16] Le Prétendu statère de Vercingétorix, d’Alésia, tradition et réalité, dans Latomus, 25, 1966, 726-742. 
[18] Il parle pudiquement d’un «alliage de cuivre (laiton)», ce qui dispense d’écrire le mot «orichalque» et d’avouer son utilisation bien postérieure à -52.). Étude de la démonstration de Sylvia Nieto p. 304 de l’article de la Supercherie, dû à Arnaud Lerossignol.                                
[20] Catalogue détaillé dans Alésia, André Berthier & André Wartelle, 1990, p. 100-110.
[21] Dans plusieurs articles, dont celui d’Archéologia 14, 2012, 68-73, le Témoignage des monnaies, p. 70.
[22] Alésia et les Gaulois, dans Archéologia, 24, 1968, 6-13, p. 10.
[23] Supercherie, p. 324-325.
[24] Précis des guerres de Jules César, ch. 6, 2, 1869, p. 50. Le Corpus des Inscriptions Latines parle même d’un oppidulum, soit un «mini-oppidum» (t. XIII, 1, p. 439, col. 2, l. 6.)
[25] Après qu’on eut mesuré les 3000 pas en zig-zag ou en biais, on en vient (Y. Le Bohec, Alésia, 2012, p. 148),  à traduire in longitudinem par «de large», ce qui simplifie radicalement le problème !!!
[26] Entre autres, l’article de ce blog  intitulé Des oiseaux qui volent bas.
[27] Toujours cette odieuse propension au titre canular, ma marque de fabrique, hélas ! du moins pour la polémique. 
[28] «Sur ces questions, on attend avec impatience que D. Porte publie les témoignages des généraux de César qu’elle affirme posséder et avoir traduits (interview dans Le Progrès, 11 août 2016). Ces documents seraient du plus grand intérêt pour la communauté scientifique. En fait, il n’existe que quelques commentaires de Cicéron dans sa correspondance avec son frère Quintus, qui s’avère un bien piètre officier (Ch. Goudineau, César et la Gaule, Seuil, coll. Points, 1990 ; rééd. 2000). En réalité, les sources évoquées par D. Porte n’existent pas.»
[29] Le Témoignage de César, dans Archéologia, h.s. 14, 2012, 20-23, p. 21.
[30] Variante de l’«érudits de village» dont nous qualifiait Michel Reddé, p. 46, n. 4 de son Alésia, l’Archéologie face à l’Imaginaire.  «Mieux vaut en revenir aux textes», ajoute-t-il. C’est bien ce que nous faisons et ce qu’il ne fait pas !
[31] Sylvia Nieto, voir supra.
[32] Étude détaillée dans Alésia, l’imaginaire de l’archéologie, B.o.D., 2010, p. 387-389.
[33] Alésia, l’Archéologie face à l’imaginaire, 2003, p. 33. Dans la Supercherie dévoilée, j’ai examiné d’autres aménagements, cartographiques et philologiques, p. 155-210, article : «C’est César qu’on assassine» : le in Sequanos, les deux rivières, la distance du grand fossé (400 pieds ou 400 pas), l’effectif de l’armée de secours requis par Vercingétorix («toute la Gaule» ou 254.000 guerriers), les 11.000 pas de travaux, le lieu «très élevé», le «nord» ou le «nord-ouest», l’Alisiia de la plaque Martialis et l’Alesia du moine Éric, l’enthautha de Plutarque…  Les nécessités de mise au point ne manquent pas ! 
[34] Alésia, textes littéraires antiques, textes médiévaux, par Joël Le Gall, Eugène de Saint-Denis, Raymond Weill, Jean Marillier,  1980, p. 23.
[35] Michel Reddé, dans l’Archéologue, 67, 2003, 43-47, p. 47 : «Il est vraisemblable que, dans la liste des peuples de l’armée de secours, César a compté tous les hommes en âge de porter les armes, peuple par peuple. Mais nous savons que tous ces peuples n’ont pas pu venir, et qu’évidemment ils n’ont pas mobilisé tous les hommes en âge de porter les armes à ce moment-là. De là à dire combien ils étaient réellement, j’en suis incapable.» César est formel, sur deux chapitres : ils étaient 250.000 manuscrit béta, 240.000 manuscrit alpha, et 8.000 cavaliers, au § VII, 76. Détail tribu par tribu au § VII, 75.
[36] On possède un chiffrage «moderne», donné par Ferdinand Lot, d’après le général Rossetti, et qui correspond à notre propos : 350 ha. au minimum sont indispensables pour accueillir une armée de 100.000 hommes (l’Art militaire, 2, 1946, p. 548).
[37] Dans le Bien Public, 25. 7. 2001, et Côte d’Or Magazine, 44, 2005. Peut-être les a-t-elle trouvés depuis ? J’en étais restée aux cinq fonds de cabanes repérés à En-Curiot.

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